© Le Républicain Lorrain, Dimanche le 12 Septembre 2010 / SRG /
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L'article :
A Kappelkinger, Audrey Lallouette veille avec soin sur une soixantaine de chevaux islandais. Des montures dociles qui lui offrent d'initier de nombreux handicapés à l'équitation. Une chevelure brune au milieu des crinières.
A défaut de murmurer à leurs oreilles, elle siffle pour les appeler. En un rien de temps, la petite horde de sa poulinière arrive au trot. Les chevaux se montrent câlins, et Audrey Lallouette est bien la seule à ne pas être surprise. La jeune femme vit au milieu des animaux sur un vaste domaine où elle a créé son entreprise, Les islandais de l'Albe, en 2005. « Mes parents avaient un élevage pour leurs loisirs. Depuis, nous avons développé l'accueil pour personnes handicapées, l'élevage et la vente dechevaux, nous avons embauché un moniteur et ouvert une école d'équitation » révèle Audrey, éducatrice spécialisée de formation.
Un cheval pas comme les autres
« Ce que nous avons vraiment envie de maintenir ici, c'est un esprit familial, l'important est de voir chacun se sentir bien dans le respect l'un de l'autre » dit-elle à propos de la relation entre humains et équidés.
La ferme est un lieu de vie animé en permanence, entre les cavaliers venant prendre des cours (ils ont entre 2 ans et demie et 60 ans), et les dizaines de personnes handicapées accueillies chaque semaine.
« Ils sont les piliers de la structure », confie Audrey à propos de ses protégés. « L'islandais est un cheval rustique à l'instinct grégaire développé. Il a une vie sociale très utile pour le contact avec les gens. » Et la directrice de la ferme équestre de vanter les atouts de ces mammifères de taille modeste.
« Ils vivent en paddock ensemble, viennent du nord et ont le sang-froid, ils sont moins nerveux que d'autres chevaux, cet aspect compte quand ils portent des débutants. Surtout, leur taille permet de travailler avec des jeunes comme avec des adultes. »
Enfin, et ce n'est pas un détail, les islandais offrent la particularité de courir au tölt (un pied d'appui au sol en permanence évite les secousses et procure plus de confort lors de la monte) et à l'amble (deux membres du même côté se déplacent à la fois, comme pour les ours ou les chameaux).
La patience comme meilleure arme
« Sans le tölt, je ne pourrais pas travailler », pense Audrey, soutenue dans sa tâche par un moniteur d'équitation (Cyrille Bargeton) et deux apprentis versant dans le monde du cheval, sans oublier les bénévoles.
Chaque semaine, près de 90 personnes handicapées viennent savourer les plaisirs de l'hippomobilité, qu'elles soient de la MAS de Petite-Rosselle, des IME de Forbach, Saint-Avold ou Sarreguemines, du CAT d'Albestroff ou de l'hôpital de Dieuze. L'exploitation dispose également d'un gîte de douze lits, utilisé lors de stages. Les aménagements sont conçus pour l'accès aux fauteuils roulants, et tout est de plain-pied. Audrey se targue d'avoir innové de manière originale, comme cette fosse de la largeur du poitrail d'un cheval permettant de monter plus facilement.
« Travailler avec des personnes handicapées est difficile, et les chevaux ont leur caractère, s'ils reçoivent des coups ou si la longe est secouée sans cesse par exemple. Nous sommes aussi attentifs au bien être des gens que des chevaux ».
Tout une philosophie.
Philippe CREUX.